Image d'illustration Fritz Munch et les chœurs de Saint-Guillaume de Strasbourg

Fritz Munch et les chœurs de Saint-Guillaume de Strasbourg

Les chœurs de Saint-Guillaume de Strasbourg sont célèbres dans le monde entier, et leur réputation se fonde autant sur la qualité des exécutions qu’ils donnent que sur le rôle éminent qu’ils ont tenu, et qu’ils continuent de tenir, dans la diffusion des chefs-d’œuvre exigeant avant tout ce que l’on appelle le « style ». Ils doivent cette haute qualité à l’homme dont le nom restera attaché à l’histoire de l’activité musicale de Strasbourg, à Fritz Münch. Dès que l’on parle de Jean-Sébastien Bach trois noms viennent immédiatement à l’esprit : à Paris, Gustave Bret ; à Strasbourg, Albert Schweitzer et Fritz Münch, parce que tous trois ont consacré leur vie à révéler l’œuvre immense du grand Cantor. Aussi était-on impatient d’entendre, au palais de Chaillot, la Passion selon saint Matthieu sous la direction de ce maître, groupant autour de lui la fameuse chorale de Saint-Guillaume et des solistes non moins réputés. L’immense salle, trop petite, et cela pour un ouvrage sublime mais austère, et dont l’exécution dure près de cinq heures, voilà qui donne un démenti à ceux qui prétendent que le public parisien a perdu le goût de la grande musique. Cette foule n’oubliera point de sitôt les chœurs de Saint-Guillaume, le chœur d’enfants de Ruf Augst, les solistes : Mmes Jo Vincent, soprano ; Maria Helbling, alto (dont la belle voix est singulièrement émouvante) ; MM. Haefliger, ténor ; Pierre Mollet, baryton ; Paul Sandoz, basse, et Charles Müller, organiste. Il serait vain de décerner des éloges particuliers à chacun d’eux : ce qui rehausse le prix d’une exécution comme celle de la Passion n’est-ce point la communion de tous pour la plus grande perfection de l’ensemble ?

Il ne me reste plus assez d’espace pour parler comme ils le méritent des autres concerts de la semaine : je me borne donc aujourd’hui à enregistrer le succès de Roger Désormière à l’Orchestre national, où il a donné la première audition de la symphonie Numance, d’Henry Barraud, et fait entendre – réparation bien due à Maurice Delage, qu’on semble négligée beaucoup trop, – In morte di un Samouraï J’en parlerai plus longuement dans mon prochain article, ainsi que du concert de Mlle Mireille Auxiètre, pianiste qui vient de faire des débuts pleins des meilleures promesses.

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