Fondateur et chef de choeur de 1885 à 1924. Il est chef du Chœur de Saint-Guillaume pendant 39 ans de 1884 à 1924. C’est la plus longue longévité comme chef de chœur.
Ernest Münch naît, le 31 décembre 1859, à Niederbronn-les-Bains. Il est le fils de Gottfried Münch, instituteur et organiste, et de Salomé Wolffhugel. Dans cette famille d’Alsace du Nord, la musique et la foi luthérienne sont importantes. Son frère Eugène Münch est organiste à Mulhouse. Quant à son frère Geoffroy (1869-1917), il est pasteur et organiste, et ses deux sœurs Marie (1861-1938) et Amélie (1862-1956), sont toutes deux pianistes. Amélie est l’auteur d’un Traité sur la théorie musicale et d’une chronique sur la vie de sa famille.
Guidé par son père, Ernest apprend le piano, l’orgue, le violon et l’alto. Après des études à l’école normale de Strasbourg et une année comme altiste à l’orchestre municipal de Strasbourg, il est nommé en 1882 organiste de l’église luthérienne Saint-Guillaume de Strasbourg.
Il obtient un congé et une aide financière du pasteur Jules Auguste Redslob (pasteur de Saint-Guillaume de 1877 jusqu’en 1905) pour se perfectionner à Berlin, où il fréquente, avec son frère Eugène, l’Institut pour la musique d’Église de la Musikhochschule de Berlin pendant deux ans ans de 1883 à 1884. Il fut l’élève de Carl August Haupt (1810-1891), considéré comme un organiste exceptionnel à son époque, pour l’orgue, le contrepoint et la fugue et d’Albert Loeschhorn (1819-1905), compositeur et professeur, pour le piano.
De retour à Strasbourg, en avril 1884, il est nommé professeur d’orgue et de musique sacrée protestante au conservatoire de Strasbourg. A l’Université de Strasbourg, il suit les cours de Philipp Spitta (musicologue), fondateur de l’Association Bach (Bach-Verein) de Leipzig.
Ernest Münch décide de fonder le Chœur de Saint-Guillaume, le 10 décembre 1884, destiné à animer le culte à la paroisse luthérienne de l’Église Saint-Guillaume. Le pasteur Jules Auguste Redslob, mélomane et joueur de violoncelle, d’orgue et de piano, soutient Ernest Münch dans son projet. L’idéal du pasteur de Redslob était de “faire de son église Saint-Guillaume un temple où s’épanouirait l’œuvre du cantor de Leipzig”. Le pasteur fait paraître, en 1887, pour le centenaire de Haendel et de Bach, des articles sur le chant d’Église de Luther. Ami d’Albert Schweitz, d’Ernest Münch et de son fils Charles Munch
Le Chœur de Saint-Guillaume est composé, à ses débuts, d’une quarantaine de choristes. Le Chœur de Saint-Guillaume se produit, pour la première fois, le Vendredi saint de l’année 1885 (date de l’anniversaire retenue) en l’honneur du bicentenaire de la naissance de Jean-Sébastien Bach. Il présente un choral de Bach (n° de la cantate non retenu) et l’Ave verum corpus de Mozart.
Ernest Münch demande, le 31 octobre 1886, au conseil presbytéral d’officialiser la création d’un chœur à Saint-Guillaume pour faire entendre aux paroissiens les grands maîtres lors des fêtes religieuses. Un premier concert spirituel a lieu en dehors du culte, le 19 mai 1887, le Psaume 95 de Mendelssohn. La première cantate chantée au culte à l’église Saint-Guillaume, le 25 novembre 1888, fut Wachet auf, ruf uns (BWV 140).
Ernest Münch est également professeur de musique au Gymnase protestant Jean Sturm (où ont lieu actuellement les répétitions du choeur), puis dirige de 1889 à 1894, la Société de chant sacré et à partir de 1883, l’Union chorale, chœur d’hommes œuvrant pour la défense de la musique française.
Les débuts du Chœur de Saint-Guillaume sont modestes, mais il se consacre immédiatement à l’œuvre de Jean-Sébastien Bach qui trouve, à l’issue de la période romantique, un de ses lieux de renaissance à l’Église Saint-Guillaume.
En 1893, le Chœur de Saint-Guillaume chante l’Oratorio de Noël. En 1894, la Passion selon saint Matthieu est présentée en intégralité pour la première fois par le Chœur de Saint-Guillaume. Une première exécution intégrale avait déjà eu lieu à Strasbourg, en 1882, par Louis Saar avec la Société de Chant choral à l’Église du Temple-Neuf de Strasbourg et à Paris, en 1888, sous la direction de Charles-Marie Widor.
L’année suivante, en 1895, la Passion selon saint Jean est présentée en intégralité à l’église Saint-Guillaume. Comme l’écrit le musicologue Gilles Cantagrel : « En France, il semble qu’il faille attendre 1895 pour que l’on exécute l’œuvre en public – et encore est-ce à Strasbourg – sous domination allemande et sous la direction d’Ernest Münch, chef du Chœur de Saint-Guillaume qu’il avait créé dix ans auparavant », suivront ensuite Nancy en 1902 par Guy Ropartz en langue française et Paris en 1903.
Alors qu’Ernest Munch voulait ouvrir les concerts spirituels au plus grand nombre par la gratuité, il est nécessaire, en 1895, de faire payer les meilleures places pour financer la contribution de l’Orchestre municipal et des solistes professionnels en raison de l’exigence des pièces musicales et vocales présentées. En 1898, la Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach est chantée à l’église Saint-Guillaume.
Vingt ans après sa fondation, en 1905, le chœur comprend 100 à 120 choristes et a chanté 60 cantates de Bach. Pour permettre aux chanteurs amateurs d’apprendre au mieux leur partition, Ernest Münch organise, en plus des deux répétitions avec orchestre, quatre à cinq concerts avec orgue seul. La tribune est remaniée en 1898 pour accueillir 120 choristes en plus de l’orchestre, ce qui permet de produire la Passion selon saint-Matthieu à double chœur et double orchestre, comme l’avait voulu Bach.
Selon l’organiste et théologien luthérien Albert Schweitzer, Ernest Münch avait comme objectif de « faire entendre l’une après l’autre toutes les œuvres vocales de Bach avec le chœur de l’église Saint-Guillaume de Strasbourg ». Ernest Münch dirige dix-neuf fois la Passion selon saint-Matthieu, vingt fois la Passion selon saint Jean et six fois la Messe en si mineur de Bach de 1893 à 1924.
Ernest Münch épouse, le 22 juillet 1885, à Niederbronn-les-Bains, Célestine Simon, fille du pasteur F. Simon, avec laquelle il a six enfants.
Emma Münch (née en 1886), sera l’épouse du frère cadet d’Albert Schweitzer – Paul, sera altiste.
Louise Münch (née en 1887), altiste, épouse son cousin, le chef d’orchestre Ernest-Geoffroy Münch (1888-1944). En 1913, Münch est nommé en 1920 pour assurer la direction de l’Orchestre du Théâtre de Strasbourg. Il est alors chef de l’Orchestre municipal de Strasbourg pendant une vingtaine d’années et assure avec celui-ci notamment les concerts populaires et les concerts d’été (sur la terrasse du restaurant l’Orangerie). Il tient aussi régulièrement l’orgue à l’église Saint-Guillaume et dirige un chœur d’hommes.
Geoffroy Münch (né en 1889), est directeur d’une entreprise d’assurances la Münchner Rückversicherung, mais pratique toute sa vie le violon au plus haut niveau.
Fritz Münch (né en 1890) devient pasteur, directeur du séminaire protestant de Strasbourg, violoncelliste et chef d’orchestre. Il succède à son père à la direction du chœur de Saint-Guillaume de 1924 à 1962 et dirige le Conservatoire de Strasbourg.
Charles Munch – nom francisé – (né en 1891), violoniste et chef d’orchestre, après des débuts à Strasbourg et une carrière en Allemagne, se fixe à Paris en 1932. Après la guerre, il prend la tête du Boston Symphony Orchestra et à son retour fonde l’Orchestre philharmonique de Paris.
Hans Münch (né en 1897), est médecin mais aussi organiste.
En mai 1905, Ernest Münch est la cheville ouvrière du premier Musikfest d’Alsace-Lorraine. Romain Rolland écrit: « L’orchestre et les chœurs, formés de la réunion de divers Chorvereine strasbourgeois, étaient dirigés par Richard Strauss, Gustav Mahler et Camille Chevillard. Mais les noms de ces illustres Kapellmeister ne doivent pas faire oublier celui de l’homme qui fut vraiment l’âme de ces concerts : le professeur Ernest Münch, de Strasbourg, un Alsacien, qui dirigea toutes les répétitions, qui eut toute la peine, et qui, au dernier moment, s’effaça devant les chefs étrangers, leur laissant tout l’honneur. Le professeur Münch, organiste à Saint-Guillaume, est un des hommes qui ont fait le plus pour la musique à Strasbourg, où il a formé des chœurs excellents (les Chœurs de Saint-Guillaume), et où il organise de grandes auditions de Bach, avec l’aide d’un autre Alsacien dont le nom est bien connu des historiens de la musique: Albert Schweitzer (…). Ce n’a pas été pour moi le moindre intérêt des fêtes musicales de Strasbourg que d’apprendre à connaître de telles personnalités, nées du sol d’Alsace, et qui représentent de la façon la plus noble la haute culture alsacienne, bénéficiant à la fois de tout ce qu’il y a de meilleur dans les deux civilisations». Lors de ces fêtes, Ernest Münch dirige, le 21 mai 1905, la Rhapsodie pour alto de Johannes Brahms dans un concert que Gustav Mahler ouvre en dirigeant sa Cinquième symphonie et Richard Strauss clôture avec sa Sinfonia Domestica.
En 1908, le Chœur de Saint-Guillaume doit fusionner avec l’Orchestre municipal que dirige Ernest Münch après le départ de Franz Stockhausen. De même, le Chœur de Saint-Guillaume doit fusionner avec le chœur du conservatoire et prend alors comme nom de « Petit chœur municipal » ou « Chœur Bach ». Ernest Münch dirige de grands concerts vocaux, comme Un requiem allemand (Brahms) (1896 et 1908), Requiem (Mozart) (1903), le Messie de Georg Friedrich Haendel (1903 et 1904) accompagné d’un orchestre et d’Albert Schweitzer à l’orgue, La Création de Joseph Haydn pour le centenaire de sa mort (1909) et Les Saisons (1911), ainsi que le Requiem de Verdi (1912).
Le chœur présente des créations, comme La Passion (1897) et la Erntefeier (1898) de Heinrich von Herzogenberg Briefwechsel-HvH-FrSp.pdf ou la Missa solemnis à 16 voix d’Eduard Grell (1902) et invite des chefs à le diriger. Dès 1911, Wilhelm Furtwängler est invité à diriger son Te Deum pour chœur et orchestre, œuvre composée entre 1902 et 1909.
Ernest Münch, doyen des professeurs du conservatoire, assure l’intérim de la direction avec le départ de l’administration allemande en novembre 1918 et avant la mise en place de l’administration française de novembre 1918 à avril 1919. Il programme l’Enfance du Christ de Berlioz le 21 décembre 1918 précédée de La Marseillaise. Le 29 décembre 1918, le Chœur Saint-Guillaume chante le Requiem de Mozart en la mémoire des soldats tombés pendant la Première Guerre mondiale.Guy Ropartz prend la direction du conservatoire et de l’orchestre symphonique, Ernest Münch devient sous-directeur de 1920 à 1924. Son fils Charles Munch est second violon solo pendant 5 ans à l’orchestre symphonique.de Strasbourg. Charles Muller qui est organiste à Saint-Guillaume depuis 1920 à la place d’Ernest Münch est chargé d’enseigner l’orgue aux protestants au conservatoire. L’expulsion de Valentine Altmann-Kunz, chargée de la classe de chant, solstice au Chœur de Saint-Guillaume de 1891 à 1916, est mal vécue.
Ernest Münch termine sa carrière à la tête du chœur, le 18 avril 1924, après avoir dirigé la Passion selon saint-Matthieu. Il revient, le 17 mai 1925, pour les 40 ans du chœur, où il dirige le choral Jesu, meine Freude de Bach. Ernest Münch meurt le 4 avril 1928. Le Chœur de Saint-Guillaume chante aux obsèques, trois chorals de la Passion selon saint Matthieu et de la Passion selon saint Jean. Le chœur est dirigé successivement par Ernst Münch et Fritz Münch. Charles Munch l’accompagne à l’orgue.
Sources : il n’existe pas d’ouvrages évoquant la vie d’Ernest Münch, les éléments biographiques s’appuient sur
Geneviève Honegger, Le Conservatoire et l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, Oberlin, 1998,
Erik Jung, Le Chœur de Saint-Guillaume de Strasbourg, éd. Heitz, 1947,
Edmond et Robert Redslob, En souvenir de notre père Jules-Auguste Redslob, pasteur à Saint-Guillaume, 1956, à compte d’auteur (BNUS)
et la correspondance Albert Schweitzer-Hélène Bresslau, 1906-1909. L’amour dans l’amitié, éd. Jérôme Do Bentzinger Editeur.
Chœur de Saint-Guillaume — Wikipédia
Ernst Münch (Musiker) – Wikipedia
Les archives du Choeur de Saint-Guillaume