Image d'illustration Le chœur de Saint-Guillaume livre une fervente Passion selon Saint-Matthieu

Le chœur de Saint-Guillaume livre une fervente Passion selon Saint-Matthieu

La Passion selon Saint-Matthieu donnée par le chœur de Saint-Guillaume et le Bach Collegium Strasbourg Ortenau, sous la direction d’Étienne Ferrer, jeudi soir et vendredi après-midi, à l’église Saint-Guillaume de Strasbourg, n’aurait pas fait rougir le fondateur du chœur – il y a 140 ans – Ernest Münch, ni le célèbre organiste des premières années de l’institution, Albert Schweitzer.

Saluons à ce propos l’excellent continuo de cette Passion, qui constitue l’épine dorsale de l’œuvre : la violoncelliste Marie Viard, qui occupe habituellement le pupitre à l’Orchestre Philharmonique, le claveciniste Yu Nakamura et l’organiste Yuki Mizutani produisent une partie d’une solidité exemplaire et participent d’une des meilleures versions de ces dernières années. L’orchestre tout entier, de facture baroque, à 415 Hz, ne souffre pas de faiblesses, si l’on excepte de-ci de-là de légers problèmes de justesse du côté des cordes. Traversos et hautbois sont de qualités, viole de gambe et violons livrent des contre-chants égaux.

Une Passion aux contours équilibrés

On apprécie le casting de solistes, qui, là encore, se révèle particulièrement homogène cette année. Une préférence va à la basse Rui Xao, tout en rondeur et à la soprano Séverine Wiot, qui apporte chaleur et lumière à ses airs. Avec l’alto Julien Freymuth, dont l’aigu ressort bien mieux que le grave, elle offre un moment magique dans le n° 27 du livret. Le duo évangéliste – Christ est vocalement contrasté : Vincent Chomienne présente un joli timbre velouté, sa diction, naturelle, est d’une grande clarté. Il peut gagner en nuances et en modulations dans le récit, quelque peu monochrome. Tandis que Damien Gastl campe un Jésus un peu tendu au début, mais puissant voire autoritaire vis-à-vis de ses disciples, du moins superbe de présence.

Étienne Ferrer sait fédérer chanteurs et orchestre pour donner une Passion aux contours équilibrés. Sa lecture de la deuxième partie manque peut-être d’une progression dramatique assumée. L’ensemble est propice à l’écoute et à la prière, en témoigne la magnifique attention d’un auditoire parfaitement silencieux. Sa préparation du chœur au long court mérite les louanges. Certes, les problèmes d’équilibre des pupitres perdurent et la mise en place rythmique est largement perfectible. Mais, sans être poussée dans ses retranchements, la chorale montre une application sans faille dans la justesse et dans l’incarnation d’un texte justement articulé.

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