Image d'illustration Les maîtres du Baroque – Sigiswald Kuijken : « Toujours revenir à la partition »

Les maîtres du Baroque – Sigiswald Kuijken : « Toujours revenir à la partition »

Avec Gustav Leonhardt, Jordi Savall, William Christie et Ton Koopman, Sigiswald Kuijken fait partie des grands « baroqueux » qui ont marqué la deuxième partie du XXe siècle. A 80 ans, il parle interprétation « historiquement informée » et transmission.

Vous faites partie de ce que l’on appelle les grands « baroqueux » . Ceux qui, dans la seconde moitié du XXe siècle, ont mis en avant l’interprétation de la musique « historiquement informée ». Comment définiriez-vous, personnellement, l’interprétation « historiquement informée » ?

Sigiswald Kuijken : D’abord, je voudrais dire que le terme « baroqueux » m’ennuie un peu, il n’est pas très beau et crée une étiquette. Quant à définir l’interprétation « historiquement informée », c’est à la fois simple et un peu compliqué. Elle se base sur une philosophie simple mais profonde : jouer une musique à l’aide des instruments pour lesquels le compositeur l’avait destinée, en utilisant la technique propre à l’instrument qu’il utilisait, c’est l’évidence même, en principe… Dès l’âge de 10, 11 ou 13 ans, cela me semblait déjà naturel ! 

Pourtant, à l’époque cette idée n’a pas été facile à faire accepter… 

S. K. : Nous n’avions ni cours de musique ancienne, ni professeurs pour nous guider mais nous avions envie d’explorer. On était passionnés par la musique ancienne et par l’idée de la refaire comme elle se faisait à l’origine. Peu importe si c’était compliqué ou pas.

Et nous avons eu la chance de découvrir graduellement que, dans d’autres endroits du monde, des gens menaient des démarches similaires. C’était une idée simple consistant à se rapprocher des goûts musicaux du XVIIIe siècle et des intentions originelles des compositeurs, l’interprète utilisant notamment des instruments d’époque et réalisant un travail important sur l’interprétation, aussi bien vocale qu’instrumentale. J’ai encore en mémoire les premiers enregistrements de Deutsche Grammophon et de la série « Archiv Produktion ». À 13 ou 14 ans, cela m’a ouvert de nouveaux horizons, même si, plus tard, j’ai développé une perspective plus critique. On ne se sentait pas pionniers. C’était les autres qui nous qualifiaient ainsi ! Mais il est vrai que nous ouvrions des voies nouvelles, que nous explorions de l’intérieur, en toute simplicité. Nous savions que si nous transmettions notre passion, cela se ressentirait.

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